Giansandro
Merli , il manifesto, 7/1/2022
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Tripoli : « La communauté internationale ne veut pas nous écouter », dénoncent les réfugiés qui ont survécu aux rafles d'octobre dernier et aux centres de détention. Les demandes de protection formulées pendant plus de trois mois de lutte sont tombées dans l'oreille d'un sourd. Depuis le début protestations, trois personnes ont été tuées et une kidnappée. Nouvelles arrestations de migrants à Sabratha et Tripoli.
La nouvelle, c’est qu’il ne s’est rien passé. À Tripoli, des milliers de réfugiés manifestent depuis quatre-vingt-dix-neuf jours pour demander leur évacuation vers n’importe quel pays où ils ne risquent pas leur vie à chaque pas, mais personne ne leur a donné de réponse. En même temps que la frustration et la peur, la conscience d'avoir été oubliés par le monde s'est accrue. « La communauté internationale ne veut pas nous écouter. Notre piquet est désormais normalisé pour le public mondial. Au début, il y a eu quelques réactions de la part des médias. Puis plus rien. Personne ne semble se soucier du fait que ces personnes revendiquent le droit de vivre et de ne pas être torturées », déclare David Oliver Yambio, un Soudanais de 24 ans parmi les plus actifs de la mobilisation. « Peur ? Je n'ai plus rien à perdre, dans cette protestation nous jouons le peu qui nous reste », poursuit-il.
Tout a commencé le 1er octobre dernier, avec des rafles dans le quartier de Gargaresh, puis dans d'autres parties de la ville. Environ 5 000 migrants ont été arrêtés. Ceux qui ont échappé aux raids ont trouvé refuge au centre communautaire de jour (CdC) du HCR. Le nombre de migrants a augmenté au fil des jours et un camp de protestation a été mis en place. Après que 2 000 personnes se sont échappées du centre de détention d'Al Mabani le 8 octobre, le nombre de manifestants a augmenté et le HCR a fermé le centre en affirmant qu'il n'était pas en mesure d'offrir une assistance à tous.
Les survivants ont apporté avec eux les histoires et les signes de violence qu'ils ont subis en détention. Ce qui est dénoncé depuis des années dans les rapports des agences de l'ONU ou des ONG comme Médecins Sans Frontières, provient directement des voix et des corps de ceux qui ont subi des abus et des tortures. Des conférences de presse et des retransmissions en direct aux médias internationaux ont été organisées depuis le camp. Des textes et des vidéos déchirants sont publiés sur les profils sociaux de @RefugeesinLibya. Comme celle d'une femme qui raconte en larmes avoir été victime de violences de la part de cinq Libyens armés et ne plus pouvoir retrouver sa fille de six ans. Ou celle d'un réfugié tchadien menotté, le visage barbouillé de poussière et les vêtements arrachés, battu devant la caméra pour convaincre sa famille d'envoyer de l'argent à la milice.